La basilique Notre-Dame-de-Montréal : une merveille de la veille ville


C'est au cœur de l'arrondissement Ville-Marie de Montréal, à  l'intersection des rues Notre-Dame Ouest et Saint-Sulpice, que la basilique Notre-Dame de Montréal s'élève au regard de tous. Ce joyau du patrimoine religieux de la province du Québec a été construit par les Sulpiciens de 1824 à  1829, pour servir d'église paroissiale. C'est l'un des plus anciens témoins de l'architecture religieuse néo-gothique au Canada mais aussi dans toute l'Amérique du Nord.

Au moment de sa construction, il s'agissait d'un édifice audacieux et novateur d'une envergure inégalée dans le continent. C'est à  l'architecte James O'Donnell, un immigrant irlandais à  New York, que l'on doit cette petite merveille de la veille ville. Son architecture intérieure, supervisée par Victor Bourgeau, ainsi que sa belle ornementation, suscitent un véritable émerveillement chez les visiteurs, qu'ils soient passionnés ou simples curieux.

En plus de son rôle spirituel, la basilique Notre-Dame-de-Montréal est également l'une des principales attractions touristiques du Vieux-Montréal au Canada.

Les premiers édifices religieux de la rue Notre-Dame

Au moment de la fondation de Ville-Marie, qui deviendra plus tard la grande ville de Montréal en 1642, une petite chapelle fut construite à  l'intérieur de la palissade, à  la Pointe-à -Callière, et les Jésuites qui en prirent la charge la dédièrent à  la Vierge Marie. C'était donc le point spirituel de la nouvelle ville. Quand une communauté de prêtres sulpiciens arriva plus tard depuis la France, le besoin de remplacer cette petite chapelle à  la capacité d'accueil très limitée par une église plus imposante se fit sentir. L'élaboration des plans architecturaux de la nouvelle structure a été confiée à  François Dollier de Casson, adepte du style baroque. Il s'est donc employé à  construire la nouvelle église, haut-lieu du christianisme du Nouveau-Monde, sur la rue Notre-Dame, entre 1672 et 1683.

La basilique Notre-Dame-de-Montréal dans sa forme contemporaine

En 1800, la population de Montréal avait tellement augmenté que l'église de la rue Notre-Dame était devenue trop petite pour répondre aux besoins de la paroisse, dans un contexte où la religion constituait encore le principal point de repère de tout peuple. Le conseil paroissial, avec l'aide du Séminaire de Saint-Sulpice, décida alors de construire un nouveau bâtiment et confia sa conception à  l'architecte James O'Donnell (1774-1830), venu spécialement de New York pour l'occasion. O'Donnell a décidé de concevoir la nouvelle église Notre-Dame dans le style néo-gothique qui faisait autorité à  la fois sur le Vieux Continent, mais aussi dans les Etats-Unis voisins.

La construction de l'édifice dans ce style s'est poursuivie malgré les vives objections de l'abbé Jérôme Demers, prêtre catholique romain et architecte de Québec, dont les goûts en architecture étaient plutôt traditionnels, conservateurs et en phase avec les us et coutumes de la région. Il dénonça ce qu'il appela « le réveil gothique » pour son prétendu protestantisme, ainsi que le plan rectangulaire (sans abside ni transept) que O'Donnell avait choisi pour l'église. Il n'aura finalement pas gain de cause, puisque la conception d'O'Donnell aura un impact décisif sur l'histoire de l'architecture du Québec mais aussi de tout le Canada. Pendant les 100 années suivantes, le style néo-gothique fut étroitement associé aux édifices religieux érigés par toutes les confessions chrétiennes du pays.

La construction de la nouvelle église Notre-Dame a commencé en 1824 et s'est achevée en 1829. La première messe en son sein aura lieu le 15 juillet 1829. L'édifice peut accueillir de 8 000 à  10 000 fidèles et demeure à  ce jour la plus grande église en Amérique du Nord. Mais O'Donnell n'a jamais vécu pour voir son travail achevé, puisqu'il mourut le 28 janvier 1830, alors que l'intérieur de la bâtisse était encore en travaux de finition et de décoration. Il s'était converti au catholicisme romain quelques mois avant sa mort, et il est enterré dans la crypte de l'église qu'il a construite.

Entretien puis rénovations intérieures au 20e siècle

À partir de 1872, l'intérieur de l'église est redécoré sous la direction de l'architecte montréalais Victor Bourgeau (1809-1888), qui choisit des couleurs et des motifs rappelant l'intérieur de la Sainte-Chapelle à  Paris. Le processus de transformation du sanctuaire et des confessionnaux, l'installation de nouvelles moulures puis ensuite les travaux de peinture ont pris près de 10 ans. Les années 1880 voient d'autres changements, avec notamment la construction d'une chaire de 14 mètres de haut, sculptée par l'artiste Louis-Philippe Hébert (1850-1917), ainsi que l'installation d'icônes et de sculptures et le remplacement de tous les bancs de l'église.

En 1889, une nouvelle chapelle, Notre-Dame du Sacré-Cœur fut ajoutée à  l'église, pour des cérémonies avec un plus petit nombre de fidèles. La chapelle a été endommagée par un incendie en 1978 et reconstruite en 1980. Elle abrite aujourd'hui un retable en bronze, œuvre de l'artiste québécois Charles Daudelin, ainsi qu'un orgue de Barbarie de Guilbault-Thérien Inc. L'église Notre-Dame de Montréal a connu des milliers de cérémonies et d'événements religieux au fil des ans, dont les funérailles de sir George-Étienne Cartier en 1873 et le Congrès eucharistique de 1910. Pour marquer le centenaire de l'église en 1929, de grands lampadaires décoratifs ont été installés dans son parvis et, en 1930-1931, une série de vitraux commémoratifs ont été mis en place. Les fonts baptismaux ont été finement décorés par le peintre Ozias Leduc. Tout au long du 20e siècle, diverses modifications ont progressivement changé l'apparence de l'église. La plus importante d'entre elles est probablement l'installation de l'autel au centre du sanctuaire, un changement provoqué par le Concile Vatican II.

Malgré son importance pour le tourisme, dans la mesure où elle accueille environ 2 500 visiteurs par jour en haute saison, la Basilique continue à  remplir pleinement sa mission religieuse. C'est un lieu de culte où plus de 120 baptêmes et plus de 120 mariages sont célébrés chaque année. En raison de l'acoustique remarquable de la Basilique et de son grand orgue, de nombreux concerts y sont présentés par des orchestres de renom, avec notamment des prestations fréquentes de l'Orchestre symphonique de Montréal. Chaque été depuis 2004, la Basilique accueille le Festival international d'orgue. Depuis 2008, elle accueille également diverses activités dans le cadre du Concours international d'orgue du Canada, dont l'un des objectifs est de sensibiliser davantage le public au grand orgue et au bâtiment patrimonial qui abrite cet instrument exceptionnel.