L'église Notre-Dame-des-Victoires : un trésor de l'ère française


Lorsque le premier évêque du Québec, Mgr François de Laval, se battait presque envers et contre tous pour faire approuver puis financer la construction de cette église en 1688, il ne s'imaginait sans doute pas qu'elle serait un véritable joyau architectural qui participe encore au rayonnement de Québec plus de trois siècles plus tard. Il faut dire que l'église n'est pas vraiment née sous une bonne étoile : les commerçants ont épinglé ce projet qui les privait d'un espace supplémentaire pour faire des affaires... si bien que la construction a pris plusieurs années de retard à  cause des poursuites judiciaires initiées par les commerçants et les riverains.

Ce rare témoignage spirituel et architectural du 17e siècle est aujourd'hui un lieu incontournable pour les paroissiens, mais aussi les jeunes mariés et les touristes qui y découvrent un lieu de culte typique de la Nouvelle-France, au cœur du Vieux-Québec.

Et l'église Notre-Dame-des-victoires fut... contre vents et marées !

L'église Notre-Dame-des-Victoires est sans doute l'édifice le plus authentique de Place-Royale qu'ont laissé les Français, en dépit des nombreuses mutations architecturales qui ont marqué son histoire. La construction a laborieusement débuté en 1688 sur les ruines de « l'habitation » de Samuel de Champlain, le tout premier bâtiment de la colonie française dans cette partie du Nouveau Monde. Bombardée, reconstruite, menacée de démolition puis enfin dûment rénovée, le fait même que l'église Notre-Dame-des-Victoires s'élève encore dans le ciel québécois est un miracle divin. En 1688, à  peine 10 000 personnes vivaient en Nouvelle-France. La capitale Québec comptait moins de 1 000 habitants ! A l'époque, les signes de richesse étaient rares. Cette église, satellite de la cathédrale de la Haute-Ville, dont la mission était de servir les nombreux fidèles de la Basse-Ville, était pensée comme un édifice de culte sans prétention. Son style « sombre », contrairement au style flamboyant des églises de France, deviendra une caractéristique propre aux églises de Québec.

A l'origine, l'église était dédiée à  l'Enfant Jésus, mais avant qu'elle ne soit terminée, l'amiral Phips a jeté l'ancre à  proximité de la ville de Québec avec une flotte imposante composée d'une trentaine de navires prêts à  prendre la ville. Le gouverneur Frontenac a habilement dirigé la défense contre les envahisseurs. Pour les habitants de la ville, ce sont les prières à  la Vierge Marie qui avaient inversé la tendance. L'église a donc été nommée en son honneur.

Une deuxième tentative de siège a été contenue sur les récifs du golfe du Saint-Laurent en 1711. C'est donc au début du 18e siècle que l'église fut rebaptisée « Notre-Dame-des-Victoires », en référence à  cette épopée glorieuse de l'histoire de la province de Québec.

L'église Notre Dame des victoires : joyau architectural du Vieux-Québec

La plupart des bâtiments de la Place-Royale ont été lourdement endommagés par les bombardements ennemis en 1759. Notre-Dame-des-Victoires a été reconstruite dans les règles de l'art... avant d'être cette fois-ci ravagée par le feu. La deuxième rénovation s'est faite à  la hâte, avec des résultats décevants. C'est ainsi qu'en 1816, l'architecte François Baillairgé entreprend une refonte majeure qui donnera à  l'église son aspect contemporain, toujours dans le respect de l'esprit architectural originel.

Une cinquantaine d'années plus tard, l'église était sur le point d'être démolie. Une fois de plus, les marchands voulaient qu'elle disparaisse. Les paroissiens s'y sont vigoureusement opposés et, en 1929, elle fut classée monument historique par une commission nouvellement créée par la province de Québec, faisant de Notre-Dame-des-Victoires l'un des trois premiers bâtiments historiques à  être préservés pour la postérité. A partir de ce jour, l'Eglise n'avait plus à  craindre pour son avenir. Elle sera même à  nouveau rénovée dans les années 1970, en même temps que la Place-Royale.

L'intérieur de l'église Notre Dame des Victoires

Il ne reste qu'un seul élément d'origine à  l'intérieur de l'église : le tabernacle de la chapelle Sainte-Geneviève. Cependant, des peintures d'époque ont été rapportées, comme celle illustrant la délivrance miraculeuse du navire L'Aimable Marthe, un don en 1747 en reconnaissance à  la Vierge Marie. Vous pourrez également admirer la réplique du navire du XVIIe siècle Le Brézé, retrouvé sur les ruines de la basilique de la cathédrale Notre-Dame-de-Québec en 1759. Si vous ne voyez pas cette belle réplique sur place... levez les yeux, elle est suspendue au plafond ! Si des choses ont effectivement changé à  l'intérieur de l'église, tout reste fidèle au décor d'époque, comme le prouvent les dessins datant du 17e siècle que conserve l'église. Cette escale, au cœur du Vieux-Québec, sera la halte de votre circuit piéton dans les ruelles colorées du cœur de la francophonie américaine !